Hall of residence
Je suis fatiguée d’avoir la bougeotte, fatiguée de sourire, de dormir.
Aujourd’hui je suis fatiguée de tant de choses. Mais surtout ne pas me laisser aller.
L’indépendence a ses inconvénients, mon inconvénience et ma tristesse c’est d’être loin de toi, de vous.
Aujourd’hui j’ai le blues. Je vais me reprendre. Surtout ne pas se laisser aller.
Surtout pas.
Mes ailes me font mal. Toi qui m’a surnommée “Little Wings”.
J’ai l’impressoin qu’elles ne m’emmèneront plus nulle part. Mon Dieu, aujourd’hui est un jour vide.
Tout semble si lourd. Il faut que je sorte, que je vois du monde. Que je bouge, Sortir de cette stupeur, de cet immeuble étouffant et bruyant. Prendre un bus, aller n’importe où, surtout ne pas se retourner.
S’envoler sans se retourner, ne pas montrer ses yeux scintillants, remplis de larmes. Ne pas montrer ce coeur triste et vide.
Marcher, voler droit devant moi, devant l’inconnu. Ne pas laisser mon esprit divaguer, ne pas laisser cet oeuf cru se renverser. Oui, tenir ma tête bien droite. Laisser mon coeur au congélateur. Laisser ces larmes à l’océan. Juste de quoi tenir.
De quoi tenir aujourd’hui.
De quoi surpasser ces cinq minutes de blues interminables. Sortir de cette chambre avec un sourire. Et dire des ‘ça va’ à tour de bras, à tous ces gens qui sont si différents, leur première année d’indépendence. Cette année là me semble si loin.