Aéroport de Roissy
L’écriture soulage? Je ne sais. Peur de ne pas pouvoir s’exprimer, de n’être entendue. D’autres ont utilisé de bien plus jolis mots pour dire et décrire ce que je ressens. Peur d’être incapable d’aimer à nouveau, peur d’être inutile, de ne pas y arriver. Existentialisme.
Sentiments si communs à une multitude de gens.
Aéroports, lieu de pensée, melting-pot du monde entier. Regards tristes, joyeux, pressés, appeurés ou fatigués. Seulement quelques sourires, vagues.
Depuis quelques années, j’essaie de croquer la vie, avant de réaliser qu’elle m’est passé sous le nez. Cette tâche est plus dure qu’il n’y parait.
Noeud d’estomac, larmes, infatiguables compagnons de voyage. Quête interminable du bonheur, où est la table ronde, où est le roi Arthur, suis-je seulement un chevalier parmi des millions d’autres? Suis-je donc arrivée au bout de mes peines?
Hélas, le bonheur de s’apprend pas, quelques indices sur votre route, la vôtre. Mon âme s’épuise.
“Il m’arrive de penser que mon cerveau est comme un oeuf cru. Tant qu’il est dans mon crâne, bien au sommet, tout va bien.
Et puis il se met à couler, à rouler lentement de côté. Je peux bouger la tête juste à temps pour le remettre en place et bientôt il se met à couler vers l’autre côté. Il faut que je le remette en place chaque seconde, que je l’aie perpétuellement à l’oeil. Si je relache mon attention et que je le laisse couler, je serai fou. Je ne suis tranquille que quand je dors. Et le matin, ça recommence.”
Le coeur sous le rouleau compresseur
Howard Buten
Seuil, Collection Points Virgule, 1984